Duel visuel de ruelle

La bête hybride me barrait la route.

J’avais emprunté cette ruelle pour éviter les camions-espions stationnés sur le boulevard, sans penser qu’ils auraient déployé des gardes sur tout le territoire. Je mise parfois beaucoup trop sur mon esprit vif et mes réflexes aiguisés pour me sortir du pétrin au lieu de faire preuve de prévoyance. Il était trop tard pour revenir sur ma décision.

Elle gardait son regard sauvage braqué sur moi, les quatre pattes fléchies, prête à bondir. Le prolongement de son corps de rongeur se dressa, montrant son dard poilu plein de venin.

Je déteste les rats-scorpions.

Pour ne pas la provoquer, j’ai fait un pas délicat vers l’arrière. J’ai levé les bras, affiché mon plus beau sourire pacifique, fait des yeux doux. J’ai même fredonné une berceuse.

Mais la bête féroce n’avait pas envie de jouer.

Elle s’élança en diagonale jusqu’au bord de la ruelle. Grâce aux ventouses de ses pattes, elle grimpa ensuite un poteau et se percha sur un des fils qui sillonnaient le ciel. Ses petits yeux maléfiques me fixèrent à nouveau. Il ne lui restait plus qu’à faire un court vol plané pour venir me siphonner le cerveau.

Des images de rats-scorpions en train d’enterrer des morceaux de victimes un peu partout traversèrent mon esprit. Je n’ai plus bougé. Et elle non plus. Nos regards étaient soudés.

Un faible vent fit danser quelques déchets. Un escadron de moineaux à neutron passa. Le soleil bombardait la ruelle de ses puissants rayons. Une goutte de sueur descendit lentement sur ma tempe et le long de ma joue. Au loin, j’ai cru deviner la mélodie d’un harmonica.

Patience.

Après une éternité, une voiture s’engagea dans la ruelle. La bête fouetta l’air de son dard. Je n’osais pas bouger.

Le conducteur arrêta son véhicule en face de moi.

— Hey coudonc, tu te tasses-tu? Me demanda-t-il poliment.

Je ne répondis rien et maintins ma posture immobile.

Il klaxonna.

— Dégage!

Il klaxonna à nouveau et manifesta son empressement en faisant grogner son moteur.

Tout ce bruit ne me perturba pas. Mais les petites oreilles bioniques du rat-scorpion ne pouvaient en supporter autant.

L’hybride poilu alla chasser ailleurs.

Poudre morte

Quand j’ai vu sur quoi j’étais en train de marcher, j’ai bondi sur la pelouse.

Des victimes. Des dizaines de victimes. Pétrifiées et pulvérisées. Un carnage. Une bande de poussière d’humains traversait le parc. Grise et triste.

Ils ne capturaient personne, cette fois. Ils se contentaient de les désintégrer. Quelle horreur. Leur arme dévastatrice se dressait au loin. Un amalgame de technologies redoutables. Un pulvéromètre, un pétrifactron linéaire et un amplitronique (classe 4).

Je me suis enfui loin de cette tragédie, le coeur lourd comme une tonne de gravier.

F.I.N.

Soyez attentifs quand vous visitez la ville, car vous pourriez entrer par mégarde dans un quartier de Neptuniens. Ils sont très dangereux et, surtout, très électriques. Par chance, leur territoire est bien balisé. (Sans doute pour ne pas électrocuter leurs collègues Saturnoïdes)

Ici, un panneau indiquant la frontière de la Fédération Interplanétaire des Neptuniens.

Ils habitent sous la surface de la terre et regagnent leurs demeures par des points d’accès en surface comme celui-ci. (remarquez leur emblème en forme de « N » stylisé au bas de l’écriteau)

Au lieu d’une adresse normale ou d’un système de coordonnées x-y-z, ils utilisent la notation l-z-v-μ comme repère. (il n’est pas possible pour nous de voir la quatrième dimension)

Inutile de fuir en campagne pour les éviter. Ils y ont installé, un peu partout, leurs clôtures électriques.

Questions secrètes

Vous êtes futés. Vous avez trouvé comment me contacter de façon anonyme pour me poser vos questions. Elles arrivent dans l’interface de mon blogue sans qu’ils puissent vous retrouver. Bravo.

Q: arbre plat

R: L’arbre plat rampe sous les voitures. Il glisse sur le trottoir. Portez des souliers à talons. Ils utilisent aussi les arbres plats pour en faire des revues. Évitez de lire. Les mots sont à base de sève noire et s’attaqueront à vos pupilles. Ou à vos papilles, alors il est hors de question de tenter de les déjouer en mangeant un magazine. Même un magazine de cuisine.

Q: emasculer soldats vaincus

R: Cette lutte contre eux fait de nous des soldats. Si vous vous faites capturer par une de leurs séduisantes agentes, c’est effectivement le premier endroit auquel elle s’attaquera pour célébrer sa victoire.

Q: dent blanche fluorescence

R: Si son sourire brille dans le noir, c’est un robot. Son cerveau électronique génère de l’électricité statique, qui est retenue par l’émail magnétique de ses dents. Ils aiment sortir dans les discothèques branchées. Je vous recommande donc de rester à la maison les samedis soir.

Q: prendre une photo d’une conversation

R: Ils nous photographient à notre insu, à n’importe quel moment. Ils utilisent de la pellicule audio-sensible qui peut effectivement capturer les paroles d’une conversation.

Q: calvitie picotement

R: Sauvez-vous. Certains chauves sont des mutants qui portent des perruques anti cheveux comme déguisement. La radioactivité qu’ils dégagent entraine des démangeaisons.

Portail d’eux

Ils naviguent entre notre monde et le leur par des portails interdimensionnels. Pour bloquer le passage aux humains, un système de protection évolué est utilisé.

Le portail suivant est bloqué par un treillis de rectangle en pierre imperméable. Si vous essayez de passer au travers, ce bouclier vous aplatira le nez ou vous déformera le front. On pourrait ensuite vous confondre avec un de leurs mutants.

Portail fermé

Cet exemple montre un portail ouvert camouflé. Il faut voir à l’envers pour le remarquer, car ils utilisent un système de réfraction rétinienne perpendiculaire à la lumière de notre Soleil. Mais moi je l’ai vu.

Portail ouvert

Si vous croisez un portail, courez. Ils ne sont pas loin.