Début de la fin (partie 1 de 2)

Dernière soirée de l’année. Craignant qu’ils tentent le tout pour le tout avant le Nouvel An et que leurs assauts fassent du mal à ceux que j’aime, j’avais prévu de passer la soirée seul.

Mais un réveillon seul, c’est triste.

Je n’ai donc pas pu m’empêcher de rejoindre des amis, changement de plan de dernière minute. Je sais, c’est égoïste de penser à mon plaisir avant la sécurité des autres. Je me suis quand même promis d’être très prudent.

C’était vraiment sur un coup de tête irréfléchi. Je ne connaissais pas le bar où nous allions. Je n’avais aucune idée du genre d’ambiance qu’il y aurait. Je ne connaissais même pas la majorité des gens avec qui je sortais. En cherchant à chasser la solitude, on dirait que je faisais exprès pour me mettre les pieds dans les plats.

Au moins, nous arrivions tôt. Je me suis dit que j’allais pouvoir me familiariser avec le territoire et ainsi prévoir des issues pour leur échapper.

Dès mon arrivée, un homme costaud a toutefois insisté pour me tamponner le poignet. Je me suis alors retrouvé marqué d’une encre rouge, contenant quelques isotopes radioactifs traçables par satellite. Aucune possibilité de fuite maintenant…

La soirée se déroulait sous le thème du bal masqué et tout le monde recevait un masque qu’il devait porter. Tandis que le mien servirait à embrouiller ma vision, les leurs amplifieraient la lumière pour suivre mes mouvements dans l’obscurité. Ils marquaient encore des points, le filet se resserrait sur moi.

Je n’avais pas fait deux pas dans le bar, qu’une créature surgit devant moi. Son accoutrement suivait bien le thème du bal masqué: elle était déguisée en bouffon. J’ai presque eu peur. J’ai deviné que, sous sa tuque à trois pointes terminées par des clochettes, elle cachait ses antennes tentaculesques servant à siphonner le cerveau de ses proies.

— Chocolat, cria-t-elle en me tendant un petit morceau emballé dans un papier d’aluminium multicolore.

En fait, elle n’a pas vraiment crié « chocolat ». Il s’agissait plutôt du cri de guerre martien « Tchôg-Kollett! »… « Péris atrocement! ».

Je l’ai habilement esquivée en reculant derrière une serveuse qui transportait un cabaret vide sous le bras. Ce cabaret vide m’a momentanément servi de bouclier pour me protéger de la bombe plasmique que voulait me remettre cette clown extraterrestre. Toute une chance que je possède de tels réflexes!

Cette façon de les déjouer les a d’ailleurs déstabilisés. J’ai pu ensuite me promener librement dans le bar avec mes amis. Les bouffons se tenaient loin. Les soldats d’élite déguisés en portiers n’osaient pas m’approcher et restaient plantés à l’entrée. Ils ne voulaient pas se faire ridiculiser par mon incroyable agilité.

J’ai pu profiter de l’ambiance festive en m’inquiétant un peu moins pour ma sécurité et celle des gens qui m’accompagnaient. La musique était agréable, juste assez forte pour nous donner envie de nous dandiner, mais pas trop pour qu’on puisse encore se parler et se raconter des blagues et rigoler. Bien sûr, je ne faisais que rire à moitié. Mon autre moitié restait toujours attentive. Je suspectais une attaque.

En fait, j’avais un pressentiment. Un genre de malaise grimpant.

Des serveuses masquées distribuaient des coupes de champagne à tout le monde. Ce qui était étrange, c’est que personne n’en buvait. Tous semblaient attendre quelque chose. Le comportement des gens changeait, de moins en moins calme. Une excitation s’installait. Une frénésie. La foule se faisait de plus en plus dense. Les mutants masqués m’encerclaient, comme des requins se préparant à dévorer leur proie.

Moi, je me tenais debout, une coupe de champagne à la main, coincé en attendant le moment fatidique.

Le volume de la musique baissa pour être remplacé par un inquiétant compte à rebours.

10… Une bombe se préparait à exploser.
9… Un champ électromagnétique allait me paralyser.
8… Un gaz mortel allait être relâché.
7… Un portail interdimensionnel s’ouvrirait pour laisser entrer un monstre affamé.
6… Les gicleurs déverseraient un acide corrosif giga puissant.
5… Une machine jupiturnienne balaierait la pièce de rayons radioactifs mutagènes.
4… Des pieux acérés sortiraient du plancher pour m’empaler.
3… Des nanorobots dormant dans mon organisme s’enflammeraient pour me bruler de l’intérieur.
2… Ils me déchireraient en deux-mille-neuf morceaux
1… Elle allait personnellement apparaitre pour venir m’arracher le coeur.

… La fin arriva.

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