— Quand vous achetez deux articles, le troisième est gratuit.
J’ai à peine mis le pied dans la boutique que la vendeuse me crie déjà ses soldes de sa voix nasillarde. J’aime bien me faire offrir des produits gratuits, mais je crois que l’accueil aurait été plus poli si elle m’avait d’abord dit bonjour.
Je me dirige vers des jeans empilés sur une table. J’ai toujours une préférence pour les vêtements fabriqués d’un tissu solide. Puisque ma lutte contre eux m’amène souvent à devoir bouger rapidement, je dois aussi m’habiller de façon à ne pas réduire ma vitesse et ma mobilité. Les jeans m’offrent à la fois protection et souplesse.
J’ai l’embarras du choix. Plutôt bleu, plutôt noir; plus foncé, plus pâle; ample, serré; légèrement rayé, relativement uni…
— Vous cherchez une taille en particulier?
Une autre vendeuse surgit derrière moi. En fait, elle était déjà là, mais je ne l’avais pas vue à cause de sa petite taille. C’est une naine ou une pygmée. Ou une enfant?
Oh non. Pas une enfant! Une jeune femme bien mature. De mon point de vue en plongée, j’ai un angle très favorable pour ne rien rater du généreux décolleté plongeant. Ce que cette petite demoiselle manque en hauteur, elle le gagne en… profondeur.
Je lui demande donc son aide pour choisir quelques vêtements, me permettant ainsi de profiter du paysage durant quelques secondes supplémentaires. Deux jeans plutôt bleus, trois chemises plutôt carreautées. Je ne suis pas certain des couleurs et motifs puisque, en ce moment, j’ai le regard un peu diverti. Si j’avais été plus petit, beaucoup plus petit, j’en aurais certainement eu moins à voir. C’est difficile de ne pas les remarquer.
— Vous voulez les essayer? Il y a une cabine juste là.
Je suis soudainement très gêné et je sens une onde de chaleur monter en moi pour me faire rougir. Ayant momentanément oublié que je magasinais dans une boutique de vêtement, le sens que prennent ces paroles est celui qu’on entendrait dans un bar de danseuses nues. Or, ce n’est vraiment pas le genre d’endroit où je vais. J’ai quand même plus de classe que cela. Je dois à tout prix dégager mon regard de ce piège mammaire.
La vendeuse se dirige vers l’arrière du magasin et je la suis bêtement. Je regarde le plancher. Décolleté. Je regarde à droite. Craque. Je regarde le plafond. Mamelon. Je regarde vers la vitrine. Poitrine.
Et, tout à coup, une porte se referme et je suis dans une cabine d’essayage. Seul.
Au moins, j’ai maintenant le champ de vision libéré de ces dunes charnues. Je peux tourner mon attention vers ce que je suis venu faire dans cette boutique. M’acheter des vêtements.
Tout d’abord, les jeans. Je retire mes chaussures et détache ma ceinture en même temps. Ma grande capacité à exécuter plusieurs tâches n’est malheureusement jamais utilisée à son potentiel maximal, par manque de mains. De toute façon, la cabine étroite me restreint un peu dans mes mouvements. J’y suis un peu coincé.
Comme dans une cellule. Ou un cercueil.
Zut! Je me suis encore laissé déconcentrer par une demoiselle. Et me voilà soudainement prisonnier, une de leurs futures victimes. Je dois perdre de ma vivacité d’esprit. Je commence peut-être à être fatigué. Non. Ça me surprendrait. Ce sont eux qui sont de plus en plus forts. Ils envoient des agentes de plus en plus efficaces. Si ça continue, les prochaines seront des Miss Bikini, des vedettes hollywoodiennes ou des top-modèles. Je me dois d’être plus prudent à l’avenir.
Pour l’instant, je dois toutefois trouver comment leur échapper avant qu’il ne soit trop tard.
Je regarde à l’extérieur de la cabine par la petite fente entre la porte et son cadre. La vendeuse est là, à quelques pas seulement, en train de faire semblant de plier des chandails. Elle reste tout près pour me surveiller, ou pour m’empêcher de fuir. Un pistolet paralysant est sans doute camouflé sous une pile de vêtements en solde. Je dois l’éloigner.
— Mademoiselle, auriez-vous cette chemise dans une taille plus petite?
Je n’ai pas besoin d’une taille plus petite. Je n’ai même pas essayé la chemise. Même si ma demande a peu de sens — ceux qui me connaissent bien savent que mes épaules larges m’obligent à porter habituellement une taille plus grande — la vendeuse ne pose pas de question et s’éloigne de la cabine. De plus, elle est maintenant de dos, ce qui place ses généreuses rondeurs hors de ma vue.
J’ai maintenant la voie libre pour m’échapper de la cabine d’essayage. Je renfile mes chaussures sans même les attacher et sors aussitôt.
Même si la boutique est assez petite, j’ai plusieurs pas à faire avant de pouvoir la quitter. De plus, plusieurs obstacles dangereux se dressent devant moi. Je ne les avais pas vus à mon arrivée, mais ils m’apparaissent tous clairement à présent. Cette paire de subterfuge pour me déjouer n’aura servi que quelques instants. J’ai encore l’oeil vif pour détecter les pièges.
Je dois d’abord contourner un support à vêtements circulaire, au centre duquel se cachent certainement leurs renforts. Si je m’en approche trop, un bras tentaculesque surgirait d’entre deux pantalons pour agripper ma jambe et me trainerait dans cette grotte de tissu.
Il y a aussi l’autre vendeuse, dangereusement armée. La perche qu’elle manie, servant habituellement à décrocher des articles suspendus trop haut, est en réalité un javelot ultrasonique. Si elle peut prendre position et avoir un angle de tir dans ma direction, c’est terminé. Pour cette raison, je dois toujours m’assurer de bien garder les colonnes entre elle et moi.
Et que dire des tuiles multicolores du plancher, agencées pour rappeler le logo de la boutique. Cette astuce sert en réalité à intercaler des tuiles rouges explosives et des jaunes électrifiées. Avec mes lacets qui trainent, c’est doublement risqué.
Finalement, les deux mannequins à l’entrée. Deux androïdes tueurs. Les pistons gigatroniques dissimulés dans leurs membres renferment une puissance capable de broyer ma colonne vertébrale et ma cage thoracique d’une seule main. Dans leurs bouches se cachent des broyeurs à micro-lames qui feraient disparaitre en une fine poussière toutes traces de mon passage à cette boutique. Ces soldats-robots ont toutefois un grave désavantage. Ils ont été montés sur des présentoirs et sont donc dépourvus de jambes qui leur auraient permis de pourchasser leur proie.
Je traverse la boutique en restant loin des supports circulaires, me protégeant derrière les colonnes, enjambant habilement les tuiles rouges et jaunes, et laissant une bonne distance entre moi et les mannequins.
— Monsieur, vous ne prendrez rien finalement?
C’est la vendeuse à la voix nasillarde qui m’interpelle. Mais je suis immunisé contre les hautes fréquences hypnotiques camouflées dans ses paroles.
L’autre vendeuse me regarde, sans rien dire. Elle pointe sa poitrine surdimensionnée dans ma direction, sans doute deux canons à désintégration. Sa petite taille joue cependant contre elle. Un comptoir vient bloquer sa ligne de tir.
Je sors de la boutique.
Sain et sauf, comme toujours.
Sans perdre un instant, je fuis dans le centre commercial. Plus loin, j’aperçois une autre boutique. Il n’y a pas de soldes, mais les employées semblent bien charmantes. J’ai justement besoin de m’acheter des vêtements…
Mais où est cette boutique dangeureuse???
ouf…
😉
Y’en aura pas de facile!
Essaie Ebay, il ne devrait pas y avoir de naines aux grosses boules qui tenteront de te capturer.
@Bettys: C’est une bonne suggestion. Bravo, vous êtes futée vous aussi. Cela explique leur tentative d’assassinat par balle quand vous étiez dans votre voiture.
Vous oubliez cependant qu’ils espionnent tout ce que nous faisons sur Internet. Même un article acheté dans une boutique virtuelle pourrait m’être livré chez moi dans une boite piégée… Ou l’article lui-même pourrait avoir été modifié. Imaginez un col roulé qui chercherait à m’étrangler…
hahaha t drole :oP jcomprends maintenant ce que tu voulais dire ..j’avoue que si je l’avais lu ..j’aurais surement pris une perche et je t’aurais attaquer ! mouahahaha
mais ta pu a t’inquieter .. c fini maintenant pour moi !! alors on y met une bombe ? voir des tites naines exploser un peu partout pourrait etre pas pire :oP