Nettoyage à sang

La femme-hérisson se tourna vers moi. Les épines métalliques couvrant son visage miroitaient sous le soleil. Les autres épines du reste de son corps avaient perforé et déchiré ses vêtements malpropres. Le sang des nombreuses victimes qu’elle avait empalées colorait d’un rouge vif sa chevelure coiffée en pointe. Elle avait l’air menaçante, mais ce que je craignais le plus était l’arme dangereuse qu’elle brandissait.

Une turbomatraque dégoulinant d’acide.

Ce bâton en forme de « T » décuplait la force de son propriétaire, au point qu’il devenait même possible d’arrêter des voitures en mouvement. En plus de suinter un liquide corrosif, la tête de l’arme était munie d’une lame souple, dont le tranchant avait été affuté grâce à la dernière technologie saturnienne. Ils s’en servent surtout pour la torture, et j’ai d’horribles souvenirs du crissement strident d’un pare-brise à l’agonie.

Elle marcha dans ma direction, d’une démarche molle et ondulante. La turbomatraque laissait une trainée mouillée derrière elle. Plus loin, le reste de sa meute extraterrestre attendait patiemment que leur reine-chasseuse leur rapporte le repas. Moi.

J’ai pensé courir. Mais j’ai remarqué qu’ils gardaient avec eux un imposant robot canin. Si mes deux jambes me permettaient de distancer sans problème l’hybride à deux pattes, il en était autrement avec une machine à quatre pattes. Et en plus, la femme-hérisson portait un sac sur son dos. Un réacteur dorsal.

Mon cerveau cherchait, calculait, analysait. Ils ont l’habitude de s’attaquer aux voitures, ce qui voudrait dire qu’ils préfèrent la viande métallique. Bien sûr. Ça expliquerait aussi tout ce métal qui poussait sur leurs corps. Si j’avais un repas ferreux ou une collation d’acier à leur offrir, ils n’envisageraient plus de me dévorer.

Aujourd’hui, j’étais sorti malheureusement sans boite de conserve.

Oh. Mais. Mais oui. J’en ai quand même du métal. Il n’y a pas que les écrous, les réfrigérateurs et les poêlons qui soient faits de métal. La monnaie aussi.

Et dans le fond de ma poche, j’en avais. Un bon paquet de pièces.

Assez pour leur couper l’appétit.

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