En entrant dans l’épicerie, je me retrouve directement en face d’un bac rempli de pommes grenades. Je les trouve très ingénieux d’avoir inventé un fruit hybride comme celui-là. Ils peuvent piéger des gens sans avoir à se déplacer. Dès qu’une pauvre victime déciderait de ranger ses fruits dans son réfrigérateur, BOUM!
Oui, parce que les pommes grenades n’explosent que lorsqu’elles sont placées dans un endroit sombre et froid. C’est pour cela que l’épicier ne les place pas dans la section des produits réfrigérés. Il est au courant du danger. C’est l’un d’eux. Même le personnel de l’épicerie fait partie des leurs. Mangez à vos risques et périls.
Et le jus de pomme grenade? me demanderez-vous.
Il est inoffensif. Il ne leur sert qu’à nous faire découvrir ce fruit exotique pour qu’on en achète par la suite. Il contient néanmoins le même potentiel énergétique, et la seule explosion qu’il cause en est une de saveur dans la bouche. Je le sais, j’en bois parfois.
Cette semaine, les pommes grenades sont en spécial. Est-ce parce qu’ils ont un quota de victimes à respecter et qu’ils sont en retard? S’agit-il plutôt d’une nouvelle offensive plus agressive?
J’en prends trois. Je ne sais pas comment reconnaitre si elles sont bien mûres. Je me rappelle avoir déjà vu quelqu’un en prendre une et la secouer près de son oreille. Il y aurait quelque chose à entendre à l’intérieur… mais je n’oserai jamais tenter une telle chose. Il s’agit de matériel explosif à manipuler avec soin!
Je dépose délicatement mes trois pommes grenades dans le fond de mon panier. Un commis d’épicerie passe devant moi et me sourit. Il croit sans doute que je suis une future victime, mais il se trompe. J’ai un plan. Ces trois fruits dans mon panier sont trois personnes qui n’exploseront pas.
Je pousse mon panier lentement et avec précaution jusqu’au comptoir des viandes. Poitrines de poulet, longe de porc, rôti de palette, foie de veau. Je prends une pomme grenade et la dépose entre deux paquets de cubes de boeuf. J’en prends une autre et la dissimule derrière la viande hachée. Un client me regarde, les sourcils froncés, et je lui fais un clin d’oeil rassurant. Je place la dernière sous un emballage de côtelettes de porc désossées.
Les explosifs sont maintenant aux frais. Mission accomplie. Je m’enfuis aussitôt, sans courir pour ne pas avoir l’air suspect. Il ne reste plus qu’à attendre que l’épicerie ferme et que les lumières soient éteintes.
L’épicier aura toute une surprise!
C’est pas de la grenadine!
Fais attention au jus de pommes-grenades aussi. C’est pas très bon, malgré ce qu’ils en disent, et c’est un véritable poison. Sans parler de tous ces oméga-3 qu’ils tenteront de te faire absorber. En réalité, c’est pire que du plomb !
Et puis ? Qu’est-il arrivé à l’épicerie une fois fermée ?
Mademoiselle Bis veut savoir !